Plus de 16 000 personnes ont été tuées dans des violences armées depuis 2022 en Haïti, un pays ravagé par les attaques des gangs, a alerté l'ONU jeudi, affirmant que, sans soutien international, "le pire est peut-être à venir". "Le bilan humanitaire est effroyable : la moitié de la population, soit six millions de personnes, dont 3,3 millions d'enfants, a besoin d'aide humanitaire", a déclaré le Haut-Commissaire de l'ONU aux droits de l'homme, Volker Türk, devant le Conseil des droits de l'homme à Genève.
Haïti, la nation la plus pauvre des Amériques, a été mis à genoux par des gangs accusés de meurtres, de viols et d'enlèvements. Sur fond d'instabilité politique chronique, un nombre record de près d'1,3 million de personnes ont été déplacées à l'intérieur de ce pays en raison des agissements des gangs, a alerté l'ONU en juin.
Selon les Nations unies, plus de 3 000 personnes ont péri dans des violences en Haïti au premier semestre 2025. "Plus de 16 000 personnes ont été tuées et quelque 7 000 personnes blessées dans des violences armées depuis le 1er janvier 2022, date à laquelle nous avons commencé notre suivi des violences liées aux gangs", a relevé M. Türk.
"Spirale de violences"
Il a salué le feu vert donné mardi par le Conseil de sécurité de l'ONU à la transformation de la mission multinationale de soutien à la police haïtienne en une force antigang plus robuste pour tenter d'endiguer les violences. La nouvelle force sera accompagnée par la création d'un "bureau de soutien de l'ONU", suggérée il y a plusieurs mois par le secrétaire général Antonio Guterres. Pour essayer d'enrayer les exactions des gangs qui contrôlent la quasi-totalité de la capitale Port-au-Prince, le Conseil avait approuvé en 2023 la création de la Mission multinationale de sécurité (MMAS), dirigée par le Kenya, pour aider une police haïtienne dépassée. Mais sous-équipée, sous-financée et avec des effectifs de seulement un millier d'agents sur les 2 500 espérés, ses résultats sont plus que mitigés.
M. Türk appelle à ce que les efforts visant à rétablir la sécurité dans ce pays respectent les droits humains, mettant en garde contre une "spirale de violences" impliquant les gangs, la population et les forces de sécurité. "Depuis mars, le gouvernement a intensifié l'utilisation de drones explosifs dans ses opérations antigang à Port-au-Prince. À la mi-septembre, les frappes de drones avaient causé la mort d'au moins 559 personnes, dont 11 enfants", a-t-il affirmé, notant que la plupart de ces frappes sont probablement illégales.
Par ailleurs, "les unités de police spécialisées ont sommairement exécuté cette année 174 personnes" soupçonnées d'être affiliées à des gangs, a-t-il ajouté. Il a également jugé "profondément inquiétant que des groupes dits d'autodéfense et des foules s'étant spontanément constituées aient tué plus de 500 membres présumés de gangs cette année - avec le soutien présumé de policiers".