À son quartier général de Mgombani, ce lundi 28 avril, la colère gronde. Devant la poignée de journalistes locaux, le sénateur Saïd Omar Oili entame sa conférence de presse avec ces mots :
« Je suis là pour tenir un langage de vérité, pour que la parole politique ait un sens. »
Sénateur Saïd Omar Oili
Pour commencer, il est revenu sur la visite du Président de la République, une « balade sans fin » selon ses termes. Le 21 avril dernier, Emmanuel Macron faisait un aller-retour express à Mayotte. Sur une île anormalement vidée de ses embouteillages il s’est rendu en 25 minutes, montre en main, dans le village de Tsingoni, à la rencontre des élus locaux, des responsables religieux et des habitants. Il a poursuivi dans une exploitation agricole à Mroalé, peut-être la seule au monde où, au milieu des champs, se trouve une chorale d’enfants chantant la marseillaise.
Puis, dans une séquence sortie tout droit d’un film hollywoodien, il a pris les commandes d’un récepteur de la Police aux Frontières (PAF) pour se gargariser de l’efficacité des politiques de lutte contre l’immigration clandestine, sur un territoire où près de la moitié de la population est sans papiers. Enfin, avant son rendez-vous avec les élus du Conseil Départemental, dernier détour au CHM pour échanger avec la cheffe-adjointe du service des urgences et quelques médecins et infirmiers issus de la réserve sanitaire. Habituellement croulant de patients, le service était ce jour-là comme les routes : vide.
« Est-ce que vous avez l’impression qu’on vous dit la vérité ? C’est la question que je vous pose, »
lance le sénateur aux journalistes.
Si l’on se réfère aux 9 heures passées par Emmanuel Macron sur une île aux allures de village Potemkine, la réponse est non. La population n’est d’ailleurs pas dupe et Saïd Omar Oili tend à le rappeler. « Lorsque le Président de la République est venu, j’ai écouté les commentaires qu’il y a eu lorsque vous avez baladé votre micro ici et là. Je n’ai pas entendu de Mahorais dire qu’il était satisfait des annonces ici. » L’homme politique émet notamment une réserve sur le montant annoncé par l’État pour la reconstruction de Mayotte.
« Je me pose la question sur quelles bases ou sur quels rapports on a dit que la reconstruction de mayotte se chiffrait à 3,5 milliards ? Moi je n’ai pas ces rapports là. »
le sénateur Saïd Omar Oili
Des dossiers sous tensions
Après plusieurs minutes passées à fustiger l’État sur sa gestion de la crise post-Chido, le sénateur a abordé un autre sujet sensible : la fin des titres de séjours territorialisés. Il est revenu sur les va-et-vient, omniprésents dans les discours du ministre de l’Intérieur.
« À l’époque, il affirmait ne pas pouvoir mettre fin aux titres de séjours territorialisés sans supprimer le droit du sol. On a voté son durcissement et maintenant il nous dit qu’il n’a jamais tenu ces propos, ça pose problème, »
souligne-t-il.
Autre dossier sous le feu des critiques : la piste longue de l’aéroport de Pamandzi, balayée d’un revers de manche par Emmanuel Macron la semaine dernière. Dans l’hémicycle du Conseil Départemental, le chef de l’État a reconnu avoir essuyé un échec sur ce dossier. Une annonce que le sénateur ne comprend pas. « Si on nous dit que c’est un problème sismo-volcanique, les experts ont dit que la probabilité qu’il y ait une éruption volcanique dans les 100 ans à venir était de 0,008% . » Il poursuit. « Où sont les études ? On ne les a pas vues alors qu’il fallait absolument qu’il y ait ce qu’on appelle un comité de pilotage pour que l’on puisse comparer les projets. Or ce comité de pilotage ne s’est pas réuni depuis 2 ans. On demande de la transparence sur ce dossier. » Il déplore ne pas avoir eu accès aux rapports sur lesquels se base Emmanuel Macron pour affirmer que la construction d’un aéroport flambant neuf à Bouyouni est la seule option possible.
Dernier point critiqué par le sénateur, le vote de la loi programmation pour la reconstruction de mayotte d’ici 2031. « Avant de voter cette loi, il faut dresser le bilan des contrats de convergence », plaide-t-il. En 2024, un contrat de convergence et de transformation établi sur 5 ans, de 2023 à 2027, devait être signé par le président du conseil départemental Ben Issa Ousseni. Ce document préparé par l’État définissait une stratégie fléchée pour les prochaines années, permettant à Mayotte de réaliser une vingtaine de projets d’envergure. Montant total de l’enveloppe : 800 millions d’euros.
« Avant de voter une autre loi, il faut savoir ce qui a marché et ce qui n’a pas marché ici. Donc là aussi, je demande l’ensemble des éléments pour que je puisse, en mon âme et conscience, faire des amendements et permettre que Mayotte soit reconstruite le plus rapidement possible, »
conclut-il.
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