Ce n’est pas la première fois que vous vous mettez à l’écriture…J’avais déjà écrit ma biographie avec Jocelyne Barbas en 1990. J’avais besoin de me faire connaître : j’étais champion de France de boxe, mais personne ne savait qui j’étais. Or, je voyais d’autres avec une carrière moins grande, écrire sur leur histoire.
Quel lien avez-vous avec l’écriture ?
Dès le début de ma carrière sportive, j’ai eu besoin d’écrire. Quand j’ai décidé de faire de la boxe mon métier, je m’y suis pris pleinement. Je me suis mis au travail, j’ai pris un appartement à Paris. Tout ça pour devenir champion de France en 1980. Quand on est en préparation pour un combat, il y a l’aspect physique et psychologique. À un moment donné, faut se retourner sur soi-même. Mon seul moyen à l’époque, c’était l’écriture. J’écrivais des poèmes, même si je n’ai jamais eu l’occasion de les publier. L’écriture m’a permis de m’évader, de sortir de la boxe, de me déconnecter.
Qu’est-ce qui vous a amené à l’écriture de ce roman ?
J’ai été pris dans le rouage de l’écriture. Pour rédiger ma biographie, j’ai travaillé avec Jocelyne Barbas. Elle a passé vingt jours à m’observer écrire. Après, je savais comment poser les phrases, j’avais les bases pour écrire et j’ai commencé ce livre-là. Ensuite, j’ai rencontré l’éditrice, Francette Lucenay qui m’a proposé d’écrire un roman.
Qu’est-ce qui vous plaît dans le fait d’écrire ?
Je suis entraîneur au Guyane Ring. J’entraîne une vingtaine de jeunes qui sont les hommes de demain et les champions d’aujourd’hui. L’écriture c’est une passion, ça me prend comme un flash. C’est une sensation qui me prend comme un besoin de manger, de respirer, de m’exprimer. Je peux écrire trois ou quatre pages, puis je retombe dans mon monde, celui de la boxe.
Quels sont les auteurs que vous appréciez ?
Je ne lis pas du tout. Je peux éventuellement lire quelque chose dans un journal, mais je ne suis pas attaché à ça. Lire t’oblige à imiter quelqu’un, selon moi. Tu n’as pas ta propre manière de t’exprimer. Je ne suis pas écrivain, je suis un auteur.
Quelle est la différence ?
Pour moi, un écrivain vit de l’écriture, un auteur, peut écrire quelque chose par à-coups. C’est mon cas.
De quoi parle ce roman ?
C’est l’histoire de Richard, parti très tôt de Guyane après avoir été élevé par sa grand-mère. Dans son enfance, il ne parlait que créole. Quand il arrive en France, sa mère lui dit « on ne parle que français ». Quand il revient 20 ans après en Guyane, il retrouve son créole, mais ce qu’il ne savait pas, c’est qu’on ne parle pas créole à tout le monde.
C’est une histoire de vie guyanaise, cayennaise même qui est inspirée de mon enfance et de celle de mon ami Richard qui est parti de la Guyane à l’âge de huit ans alors qu’il avait été élevé par sa grand-mère, Man Da. C’était une Saint-Lucienne qui savait faire des soins par les plantes. Toutes les personnes qui avaient des problèmes, hommes et femmes venaient chez elle. Elle ne parlait pas français. Mon histoire s'inspire de cela. Ce que je raconte, c’est une vie guyanaise d’il y a 50 ans, puisque j’ai 76 ans. Mon épouse découvre une Guyane d’une autre époque.
La langue créole est au cœur de votre ouvrage… Dites-nous en plus.
Nous avons beaucoup évolué dans notre créole depuis des années. Aujourd’hui, des jeunes arrivent dans ma salle et me parlent directement en créole. Je pense que le jeune ne devrait pas parler aux aînés en créole. Personnellement je pense que c’est un manque de respect. On peut parler à la personne en créole quand tu connais la personne. S’il y a une camaraderie, on peut, sinon, pour moi, c’est un manque de respect. C’est ce que va découvrir mon personnage. Il va se rendre compte qu’aujourd’hui que tout le monde n’accepte pas qu’on leur parle en créole.
Vous avez obtenu le prix Panamazonien, qui est mis en place par la maison d’édition qui vous publie… Qu’est-ce que cela représente pour vous ?
J’ai envoyé mon manuscrit, l’éditrice a fait les corrections et m’a renvoyé le livre une fois publié. Je n’étais même pas au courant qu’il participait à un concours. J’ai été le premier surpris. Mon titre à l’origine était Kréyol mò sa. Peut-être que rajouter le mot Guyanité, offre une ouverture pour les lecteurs qui ne parlent pas créole.
Avez-vous d’autres projets d’écriture ?
J’ai le projet de travailler sur une autre histoire sur la jeunesse guyanaise.Jacques Chinon sera en dédicaces les 17 et 24 mai de 10h à 13h à la librairie Cultura au Family Plaza.
Par Audrey Virassamy
/outremer%2F2025%2F05%2F10%2Fwhatsapp-image-2025-05-10-at-09-06-22-681f61bde7830129836566.jpg)
/outremer%2F2025%2F11%2F19%2Fdesign-sans-titre-13-691d92c421048124788259.png)
/outremer%2F2025%2F11%2F19%2Fmarc-dji-0059-5-id18070-800x449-691d8dcf9585a019630062.jpg)
/outremer%2F2025%2F11%2F19%2Fsjt-pouebo-point-sante-frame-210-691d7937ee995039757221.jpg)
/outremer%2F2025%2F11%2F19%2Fpremier-miinistre-de-madagascar-691d74ce99b7a962578431.jpg)
/outremer%2F2025%2F11%2F18%2Fhapy7841-frame-291-691cee975b5cc841226542.png)